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Les acouphènes ne sont plus une fatalité

Les acouphènes ne sont plus une fatalité

Dans son service, le médecin voit surtout deux types de patients : des jeunes souffrant d’acouphènes consécutifs à un traumatisme so­nore (boîte de nuit, concert…), et des personnes âgées de 60 ans et plus qui présentent des acouphènes associés à une baisse de l’audition. « Dans le premier cas, si l’acouphène dure plusieurs heures, il faut se rendre de toute urgence chez un médecin ORL, car il existe un traitement », rappelle le Dr Bonnard. Chez les jeunes, ces acouphènes ponctuels ne doivent pas être pris à la légère car l’oreille ne les oublie pas. « Il y a un effet cumulatif. Plus on est exposé au bruit, plus on a un risque d’avoir des acouphènes continus à terme », souligne Jean-Luc Puel, directeur de l’Institut des neurosciences (Inserm) à Montpellier.

La manière dont le bruit endommage l’audition est de mieux en mieux comprise. « Pour stimuler les fibres du nerf auditif, les cellules de l’oreille interne utilisent un neurotransmetteur. En cas d’exposition à un bruit important, celui-ci est produit en des quantités qui sont toxiques pour le nerf auditif, explique Jean-Luc Puel. Des fibres nerveuses sont alors détruites ou abîmées et une partie ne repoussera pas. » Le cerveau va alors prendre le relais pour tenter de compenser ce manque. « Chez certaines personnes, sans que l’on sache bien pourquoi, le cerveau va se mettre à fabriquer de l’information auditive, comme pour remplacer celle qu’il ne reçoit plus », indique le Dr Bonnard.

Causes multiples

Le bruit dans les oreilles n’est pas la seule cause de lésions auditives. « Presque n’importe quelle atteinte de l’oreille peut se traduire par des acouphènes », rappelle le médecin. Ainsi, une tumeur sur le nerf auditif, un accident vasculaire local, un problème mécanique au niveau des osselets (petits os de l’oreille interne), une prédisposition génétique, l’usage de certains médicaments ainsi que le vieillissement peuvent en être à l’origine. Une fois ces causes écartées, un traitement peut être mis en place. « Tout ce qui peut rétablir l’apport d’informations auditives au cerveau va calmer les acouphènes », souligne le Dr Bonnard. Une personne souffrant d’acouphènes peut donc bénéficier d’un appareil auditif, même si elle ne présente pas de baisse de l’audition et quel que soit son âge. Toutefois, quand les acouphènes s’accompagnent d’une hyperacousie – une sensibilité accrue à certains sons (craie sur un tableau, porte qui grince…) -, cette option passe à la trappe. « Dans ce cas, l’appareillage, qui amplifie les sons, sera écarté au profit d’un générateur de bruit blanc », souligne le médecin.

La prise en charge psychologique ou toute thérapie permettant de gérer l’anxiété et le stress sont aussi fortement recommandées pour apprendre à se détacher de ses acouphènes. Autre conseil : éviter à tout prix de s’isoler dans le silence. « Cela prive le cerveau d’informations sonores et rend le système hypersensible, ce qui a pour effet de majorer les acouphènes en quelques mois », insiste le médecin ORL. Finalement, le mieux pour éviter les acouphènes reste encore de se protéger. « Il faut sans cesse dire qu’il faut ménager ses oreilles. C’est comme pour le tabac : les gens savent que le bruit dans les oreilles est dangereux mais les conséquences leur semblent lointaines. »